L’empreinte du numérique sur l’environnement est de plus en plus importante. Comment rectifier le tir ?

Contrairement à ce que nous avons pensé pendant des années, le numérique n’est pas « dématérialisé », et son impact sur l’environnement est de plus en plus important. Il est temps d’en prendre conscience et d’envisager les solution pour y remédier afin de rectifier le tir. 

L’empreinte de nos usages numériques

Le numérique est en effet un outil formidable qui nous permet de répondre à des besoins importants : communiquer et partager, nous divertir, calculer, automatiser des processus, etc. Pour répondre à ces besoins nous utilisons des équipements numériques : ordinateurs, smartphones, objets connectés… le nombre d’équipements numériques sur Terre est actuellement estimé à 34 milliards. Ces équipements nous permettent notamment d’accéder à internet. Sur ce réseau, le trafic est en augmentation exponentielle, et l’essentiel de ce trafic est lié à la vidéo (80%). Et pour utiliser nos équipements et surfer sur internet, nous utilisons évidemment de l’électricité. Ce qui en consomme le plus, ce ne sont pas les data centers, souvent pointés du doigt, mais bien nos équipements individuels. Or au niveau mondial, 80% de l’énergie est produite à base d’énergies fossiles. Et comme chacun le sait, la combustion d’énergies fossiles engendre des gaz à effet de serre.

L’empreinte des équipements numérique que nous achetons

C’est la fabrication des équipements des utilisateurs qui a de loin la plus grande empreinte écologique. Pour fabriquer nos chers PC et smartphones il faut des ressources (notamment des métaux) et de l’énergie. La fabrication de ces équipements individuels représente les trois quarts de toutes les ressources du secteur du numérique. Pour bien se rendre compte de cette empreinte écologique il faut savoir que pour fabriquer un ordinateur de 2kg il faut 800kg de ressources. Il y a plus de 50 métaux différents dans un smartphone. Et pour obtenir ces métaux, il faut extraire des quantités importantes de minerai du sol. A titre d’exemple, pour obtenir 1kg de cuivre il faut sortir 150kg de minerai de la croute terrestre. Pour 1kg de métal rare il faut plusieurs tonnes voire plusieurs dizaines de tonnes. Par ailleurs, l’extraction et le raffinage nécessitent des produits chimiques qui polluent les sols.

La fabrication des équipements nécessite, en plus des ressources, beaucoup d’énergie. 30% de l’énergie consommée par le numérique l’est pendant la phase de fabrication des équipements.

L’empreinte de nos équipements en fin de vie

Quand nos appareils numériques sont en fin de vie ils deviennent des déchets. Et ils le deviennent de plus en plus vite tant les avancées technologiques et le marketing nous poussent à les renouveler. Dans la majorité des cas ces déchets sont incinérés ou enfouis, avec la pollution que cela génère. On estime que 60% des déchets électroniques sont gérés par des circuits illégaux. Ils sont alors souvent traités dans des conditions humaines et environnementales désastreuses. Certains de ces déchets peuvent être recyclés. Mais ce recyclage reste partiel : 17% au niveau mondial, 50% en France. Et les appareils électroniques se recyclent très mal : seule une petite partie de la matière est récupérée, le reste part en déchet

Quelles solutions ?

Voici quelques solutions qui sont à la portée de tous.

Au moment d’acheter du matériel :

  • Éviter d’acheter un appareil dont on n’a pas vraiment besoin (nouvel appareil alors que l’ancien fonctionne, deuxième écran…)
  • Acheter du matériel d’occasion ou reconditionné : par exemple via la Bootique des Ateliers du Bocage
  • Acheter des produits durables : www.produitsdurables.fr

Pendant la période d’utilisation :

  • Assurer un entretien logiciel régulier : nettoyer le système, désinstaller les logiciels inutilisés,…
  • Raisonner nos usages numériques : baisser la qualité des vidéos visionnées pour réduire le trafic, privilégier le wifi plutôt que la 3G/4G, supprimer les données inutilisées…
  • Éteindre nos équipements quand ils sont inutilisés.

En fin de vie

  • Éviter de jeter : Réparer (pour un smartphone : save.cofr.ifixit.com; pour un PC : atelierduportable.com); Revendre; Donner : dans les ressourceries locales ou auprès du réseau Emmaüs
  • Recycler : en déchetterie ou dans certains magasins; Auprès d’entreprises spécialisées comme ATF Gaïa

Charles de Véricourt, Consultant expert en transformation digitale et RSE